[Snowkite] Saint-Lary

[balboxl]

Début de saison qui peine à s'installer dans les Pyrénées, après un mois d'Octobre à 30 degrés, et un mois de Novembre avec l'iso 0 oscillant entre 3500 et 4500 m d'altitude... Du coup, les spots d'Ariège et d'Andorre sont morts. La limite a finalement baissé dans la nuit du vendredi et ça a fini par poser un peu la nuit du vendredi au samedi, mais rien qui ne fasse regretter d'avoir raté ça sur les webcam. Et le dimanche, pas d'air dans ces coins-là.

É. dit "mister contre-pente" (il adore ça ...) me parle d'aller faire St-Lary, plus à l'Ouest de nos habitudes. Même temps de trajet, donc ça fera une carotte korek' -> je suis partant, et on se retrouve à 4, avec A. dans le caddy version longue (même pas rempli de matos !) 140 poneys de C.
Avec les pneus neige, ça grimpe bien, et on évite 2/3 de marche d'approche. Mais le dernier tiers restant est quand même là.

Faut basculer dans le col tout au fond.



Le vent st descendant, donc départ à pattes. Dans les 400m de D+, ça va nous faire les jambes. Tout au fond sur la route enneigée, la sainte ouature :

Une fois au col, le vent est toujours descendant . Aller, encore 50 à 100 de déniv', et on bascule dans la vallée visée. Les prév' sont de SW, mais il y a rien, juste un léger souffle descendant. Pause bouffe pendant laquelle le bot de spi accroché au bâton d'É. tourne progressivement, et je pars faire le fusible.
La Kestrel 15 s'ébroue, se gonfle, je chausse et c'est parti . Quelques petites remontées timides, quelques vols en profitant du calme aérologique et en attendant les potes.
A. grée aussi, et c'est parti pour le ballet de K15 et de vols en duo.

Pour son second vol, A. Airline décide intelligemment de remonter tout en haut,... et de s'élancer depuis le haut. Le tout dans des bouffes de thermique erratiques, tirées par un vent météo très faible.

ça gigotte...


Mais la Kestrel est royale de stabilité, de plage d'angles de descente possible, et ça finira toujours par replaquer.

L'autre caractéristique, c'est qu'elle loop vite et bien. É. et C. sont en peak 4 8m, et franchement, j'ai l'impression qu'avec les K15, on met 3 loops pendant qu'ils en mettent un. Et sans flapper , nous !
Les peak partent en exploration et se prennent des coupures.

Et je repositionne encore une fois l'aile d'A...Qui a pas encore intégré qu'il faut mettre un downloop une fois le vol posé.


La vallée nous tend les bras tout de même, et vu la qualité hachée du vent, je décide de tenter un autre itinéraire de montée que les peaker, et me les bouffe facile. Le tout pour... se retrouver à nouveau à lancer des vols .

On se fait un sommet avec A. et ça vole aussi, là c'est à son tour :

[balboxl]

J'essaye de pousser un peu vers le fond de la vallée, mais le vent ne semble pas de cet avis, et il y a un goulet à franchir. Demi-tour, C. va s'y tanker, et je redescend vers le bas. Mais pas avant d'avoir grimpé un dernier coup...

...pour me mettre un looong vol magistral jusqu'au plateau, au ras du relief tout du long.

Jusqu'au plateau


C. se détank et redescend avec moi, tandis que A. et É. restent bloqués là-haut par une pause du thermique. En bas, il y a de l'air (le vent météo qui serait arrivé ? ) et C. remonte vers le col de départ :

Un bout du terrain de jeu .


En fin d'aprèm, A. et moi on se remet des vols sur la pente de départ.

J'essaye aussi de temps en temps de repartir vers le fond de vallée, du côté du télésiège, mais je m'acharne pas.
Les conditions pour le vol se dégradent encore, et malgré la stabilité et le contrôle qu'offrent la Kestrel, je sens bien qu'il y a beaucoup trop de perturbations pour continuer à ce jeu-là. En plus, la neige commence à voler dans les rafales, donc même si la K15 supporte ça bien, bah je sens que pour la jouer safe dans la pente, je devrais passer en 8, et la flemme, déjà un peu rincé... En plus, il n'y a plus qu'une grosse demie-heure de soleil au jugé. Avec C., on la joue sécu, et on garde cette marge au cas où (au cas où l'un se blesse et qu'il faille faire intervenir les secours, ou au cas où on sait jamais...).

Évidemment, ce *** d'É. décide que c'est le moment d'aller péter à l'autre bout du spot. Et A., qui n'a aucun sens de la montagne, lui emboîte le pas, en croyant qu'en allant au col opposé, il pourrait ensuite descendre en ski jusqu'à la bagnole... En allant au col opposé !!
Bref, blaireau maîtrisant et blaireau suivant, arrivent bel et bien à monter en face. Rappel du contexte tout de même : toute la journée, on n'a eu que ce qui ressemblait à des bouffes de thermique, assez imprévisible (pas de vent là où tu penses qu'il va y en avoir, du vent là où tu n'aurais pas parié...), et le soleil va bientôt basculer... Donc coupure normalement prévisible.
Devinez où ils sont :

Oui, là :

Ils y profitent d'une bonne neige, puis A. découvre qu'il va falloir se fader tout le trajet en sens inverse, et avec la pression car plus beaucoup de jour. Il profitera tout de même d'une traversée de ruisseau pour partir à la pêche à la truite. Il s'acharne et perd une grosse demie-heure à tenter de redécoller, puis met un max de temps à replier. C. et moi on était déjà bien cramés, donc la lucidité ne doit pas y être.
Ensuite, il leur faut se fader 100 D+ en peaux, puis une fois basculé, c'est la nuit noire, avec l'enchaînement classique de conneries :
-A. n'a pas de frontale
-choix de la bleue à la hon qui serpente à traves la forêt et est défoncée par les chenillettes, plutôt que de prendre la rouge qui rentre tout droit
-la fatigue et le manque de visi qui font faire des erreurs de ski.

Bref, ils atteignent la bagnole une bonne heure et demie plus tard, en plein dans la nuit.


À part ça, belle découverte de ce secteur (ne fonctionnant que lorsque la station est fermée). La marche d'approche est un peu relou, mais la zone en vaut le coup. La trace d'É. :

[regis-de-giens]

Quelle adventure ! Merci pour le récit, ca fait voyager et donne de la patience pour l attente de neige dans le Sud Est ...

Le loop en fin de vol, bon conseil, et ... a lancer dans le bon sens !

[Ulysse13]

Même commentaire que Régis avant de le lire : quelle aventure !
Jamais fait de snowkite, par peur de la blessure, mais je vois qu'il y a aussi le risque de se perdre, qui est beaucoup moins présent sur la mer jolie
Bravo pour votre témérité !

[Kiteman atlantique]

Pas mieux non plus.
Toujours sympa à lire tes aventures, merci.

[balboxl]

Pour le risque de blessure, bah je me suis toujours bien moins blessé que sur d'autres supports.
Blessures, du plus fort au moins : eau (1 plexius brachial, et 2-3 vertèbres tassées) -> snowkite (1 genou qui m'a tiré 15 jours) -> mountainboard (jamais rien, à part une concussion à l'époque où je mettais pas de casque, sur bitume).
Et pourtant :
-j'envoie plutôt plus en mtb qu'en snowkite.
-je fais plus de sessions mtb que snowkite je dirais.
-c'est dans l'ordre inverse de la souplesse du milieu.
Après, je suis en snowboard. Si j'étais en skis, avec les 2 machins qui veulent m'écarteler, ou qui gigottent en l'air et font le gnou à la récep', ça serait peut-être différent.


En snowkite, le niveau de risque pris dépend énormément :
-du choix du spot : un plateau, une pente à 10%, ou un couloir ou cirque avec 40%, c'est absolument pas la même
-du matos : une monopeau de 3 de ratio et un caisson haut ratio de race, ça va pas être le même engagement. Perso, la Kestrel est le bon compromis : y a du ratio donc la perf minimale avec laquelle c'est fun à piloter, mais le depower et loops serrés permet de bien gérer en montée, et pour la descente en vol, j'ai jamais vu une aile à caissons avec laquelle tu puisse autant choisir ta pente de descente.
-de la pratique visée. Si tu toiles pour faire du freestyle... t'as plus de chance de te faire décoller, que si tu toiles pour du freeride.

[nicolasroro]

Joli spot pyrénéen, c'est quand même maigre en neige dans ce creux (ancien cirque glaciaire ?) à 2200 mètres d'altitude.

Pour les blessures en snowkite, c'est souvent une mauvaise appréhension du relief (des gars qui vont à donf et se mettent dans des trous ou tapent une congère) ou encore une neige dure ou présente en faible épaisseur. Le risque de percussion est aussi présent, mais tout autant que lors d'une descente à ski.
Sur terre, il y a moyen d'aller à la cool, sans risque de noyade !!!!!

[balboxl]

Oui, neige faible, ma semelle en a de sacrées traces... ... enfin, "semelle", c'est un bien grand mot, je commence à avoir 10% de zones où le noyau est à nu .
Mais sur les autres spots, c'était encore pire, donc on a fait au mieux . Et samedi prochain, c'est prévu qu'il pleuve à 3500 y compris la nuit .

Le genou, je me le suis fait en volant avec une aile trop petite pour mon niveau (la sonic² 6, première erreur), et au replaquage du vol avec barre inversée, je suis revenu face à l'aile, j'ai oublié que la barre était inversée, j'ai pensé corriger un début de remontée de l'aile, alors que j'avais encore plein d'énergie (vitesse)... Et c'est re-parti en saut, avec gros envoi dans la fenêtre, puis grosse (sur)correction une fois que j'ai tilté que j'étais barre à l'envers. Bref, j'ai replaqué fort, sur de la glace (deuxième erreur), j'ai dû m'étirer un ligament ou un genre d'entorse, mais franchement pas méchant.