Je vais essayer de ne pas être trop long mais comme dit, la pensée nécessite l'usage de mots nombreux et variés mais aussi de développer avec un minimum de précision ses arguments. Pas 140 signes. Pas un format Tiktok.
Et effectivement c'est toute la pensée qui est à mal actuellement.
Pour commencer, il y a depuis une cinquantaine d'année une décridibilisation de l'autorité. Ne pas l'oublier. La dimension sacrée de l'enseignant a complètement disparu, pour beaucoup il est redescendu (de son estrade) parmi les mortels. On peut le critiquer et même certains parents lui mettent une gifle de temps en temps. Quand il ne se fait pas poignarder par un élève ou pire encore.
Une certaine distance pour ne pas dire respect est nécessaire pour la transmission.
Je pense qu'il y a eu une confusion entre la prise en compte des désirs de l'enfant et le respect nécessaire envers l'enfant.
On est passé d'une situation ou certains enseignants abusaient des enfants en les brutalisant, humiliant ou sous d'autres formes encore pire. Je sais de quoi je parle hélas.
Mon fils rentre en collège l'année prochaine mais je viens de me rendre compte qu'il ne comprends toujours pas ce qu'est l'infinitif. Pourquoi ?
Peut-être aussi pour la raison que les programmes sont de plus en plus chargés. Si vous rajoutez l'informatique en primaire, ce sera au détriment d'autres temps d'enseignement tout simplement. Il y a des choix à faire. Je pense que l'éducation nationale est écartelée entre le besoin de faire des citoyens avec nos enfants mais aussi des personnes capables de s'insérer dans l'économie de marché. On essaye donc de leur inculquer de plus en plus de connaissances et compétences.
A propos de la langue écrite, certains témoignages montrent que l'on peut atteindre des postes à responsabilité en ayant une faible maitrise de la langue écrite. Ce qu'il faut savoir c'est que ceux qui ont une faible maitrise ne repèrent plus les candidats dotés eux aussi d'un faible niveau d'orthographe ou de grammaire.
Est-ce bien, est-ce mal ? Je ne suis pas là pour juger.
Personnellement lire les écrits de mon fils de 11 ans m'irrite au plus haut point car je fais parti des lecteurs rapides qui ont besoin d'un respect des règles important. C'est ce qui permet de lire rapidement. La moindre faute rendant le texte cognitivement incohérent pour moi. A chaque faute je dois relire pour comprendre. Ceux qui ont un faible niveau d'orthographe s'en contrefichent car ils lisent la sonorité de l'écrit. Que tu écrives "étaie", "étai" ou "était" ne change rien à leur compréhension d'une phrase. Par contre leur lecture est plus lente et laborieuse car ils doivent reconstituer la sonorité du texte. Or une lecture laborieuse n'incite pas à ouvrir des livres. Ni à lire de longs textes car la lecture est extrèmement épuisante.
Mais mon fils est d'une intelligence et d'une maturité importante sur d'autres points. C'est un "vendeur-né" par exemple. Je suis sûr qu'il s'en sortira dans sa vie avec ou sans la maitrise de la langue écrite.
Certes une faible maitrise de la langue écrite lui fermera certaines portes. Les portes tenues par ceux/celles qui comme moi maitrisent la langue. Mais pas sûr qu'il soit bien intéressé par ces milieux...
Maintenant essayons de creuser le pourquoi. Mes deux autres enfants n'avaient aucun problème car naturellement curieux, capables de vite extraire les règles de la lecture par eux-même. J'ai appris à l'université que les leçons de grammaire et certaines leçons d’orthographe ne servent pas à grand chose si tu n'as pas déjà détecté les règles de régularité et les formes d'irrégularité dans la langue écrite.
Ces leçons permettent de mettre des noms sur des phénomènes observés et d'en parler entre gens savants. Si tu n'as pas repéré les régularités linguistiques ainsi que le statut des différents mots, ce n'est pas en faisant du bourrage de crâne grammatical que ça va s'arranger. Je le vois bien avec mon fils. Il essaie de comprendre mais ça ne lui parle pas tout simplement.
.Le dernier a en effet plus de difficultés de côté là. Les enfants sot très très différents dans leur capacité à apprendre. Pour moi c'est devenu très clair. Certains devront y mettre 4 fois plus de temps. Si leur enseignant ne les soutient pas dans cette traversée du désert rapidement démotivante, certains enfants vont se décourager. Le mien a exaspéré ses enseignantes (dans le privé, comme quoi...). Il est retourné dans le public et a eu des enseignantes plus patientes qui ont racommodé et retissé du lien entre lui et les apprentissages linguistiques.
Et il ne vaut pas oublier la dimension macro des phénomènes sociaux. Les enfants via les écrans sont soumis à des représentations du monde qui leur font croire qu'en un claquement de doigt on peut avoir/acheter tout ce que l'on veut.
La pub est un vrai carnage de côté là.
Et pire encore, sur son jeu vidéo préféré, il n'y a aucune conséquence funeste d'une erreur de conduite. La voiture ne se détruit pas, on peut rembobiner le film pour recommencer avant un crash. Rien à voir avec la vie réelle ou tes actes ont des conséquences parfois irrémédiables.
Je pense que la représentation que se fait un enfant du monde est largement modelé par ces jeux en plus des films et milliers de messages publicitaires qui le formatent. Les enfants ne font pas la différence entre la réalité et une publicité avant 11 ans, c'est pour cette raison que les pubs sont interdites avant et après les émissions pour enfants en suède.
Tout ça pour en venir à la pulsionnalité. Les enfants ont de plus en plus de mal à maitriser leur pulsionnalité. S'ils désirent quelque chose, il faut l'obtenir de suite sinon la frustration est ingérable et ils vont te pourrir la vie.
Si tu as des enfants, tu sais de quoi je parle
Et qui est-ce qui pose le "non" dans les familles ? Le père, la mère ? Et quand l'enfant n'a qu'un parent présent, accroche toi car c'est encore plus compliqué d'être la personne qui réconforte et qui frustre à la fois. Pour ne pas dire impossible.
Il y a aussi un long argumentaire qui reste à développer ici. Je vous l'épargne. Mais souvenez-vous, il était interdit d'interdire écrivaient certains sur les murs pendant la précédente "révolution" sociale. Non moi je pense qu'il est vital et urgent de limiter, interdire, cadrer. Ca évitera aussi aux enseignants de passer leur temps à le faire pendant les temps de classe. Enseignants dont le crédit et le statut d'autorité s'est effondré comme expliqué plus haut.
Quand j'étais enfant on parlait d'enfants gâtés pourris pour désigner ceux à qui on accordait tout. Comme des fruits qui n'ont pas bien muris. Aujourd'hui c'est devenu la norme de tout avoir. Il suffit d'assister aux courses pour voir combien d'enfants choisissent ce qui finit dans le caddy.
Bon je m'arrête là sur cette observation terre à terre car je pourrais y passer des heures. Sorry.